BAC : on tue les collègues de lettres et de philosophie à la tâche

Le SNALC s’insurge contre la façon dont les examens sont organisés cette année et les conditions de travail inadmissibles imposées aux professeurs de lettres et de philosophie.

Voici le courriel que le SNALC-Grenoble a adressé à la rectrice de l’académie le 11 juin et le communiqué de presse que le SNALC national a publié le 14 juin, suite aux nombreuses situations dont nous avons été informés qui témoignent de l’épuisement et du découragement de nos collègues, et du manque d’humanité avec lequel ils sont traités.

Le SNALC-Grenoble invite ces collègues à se mobiliser le 17 juin en AG et notamment devant le rectorat à 14h.

Un préavis de grève a été déposé par le SNALC, qui couvre toute action, quel qu’en soit le motif, jusqu’au 6 juillet.

Madame la rectrice,

Le SNALC-Grenoble souhaite vous alerter sur la situation inquiétante des professeurs de lettres et de philosophie en lycée en cette fin d’année scolaire.

En raison de l’alourdissement de leur charge de travail, ces enseignants sont dans un état de découragement extrême et abordent avec angoisse la période des examens, qui risque de les mener au bord de l’épuisement, quand ils n’y sont pas déjà. La qualité de leur travail ne peut qu’en être sérieusement affectée, ce qui n’est pas acceptable non plus pour la valeur et l’équité de l’examen, qui sont dus aux élèves qui le présentent.

En effet, voici les conditions de travail auxquelles ils ont à faire face :

– Les correcteurs subissent une hausse du nombre de copies à corriger en une période de temps réduite. Les professeurs de philosophie auront ainsi jusqu’à 150 copies à corriger en dix jours, week-end inclus.
– La correction informatisée des copies pose problème. L’usage du clavier et de la souris, faute de tablettes et de stylets, associée à la fatigue visuelle, ralentira le rythme habituel de correction pour qui souhaitera annoter sérieusement ses copies.
– Dans certains établissements, les cours sont maintenus jusqu’à la fin de l’année en parallèle avec les examens pour les professeurs correcteurs et examinateurs. Ainsi, ces derniers, en lettres, devront enchaîner cours et oraux de l’EAF sans temps de préparation – la lecture préalable des oeuvres par les examinateurs est tout de même préférable -, les cours étant parfois même maintenus entre les jours consacrés à l’oral, le mercredi par exemple.
– Les examinateurs, pour l’oral, ont parfois reçu de nombreuses listes sans savoir à quels candidats elles correspondent, ce qui rend la préparation de la passation de l’examen très difficile. En effet, les examinateurs ont l’habitude de planifier en amont chaque jour d’oral en déterminant quel texte ils vont affecter à chaque candidat.
– Les enseignants n’ont toujours pas reçu de convocations pour le grand oral, et reçoivent tout juste celles pour l’épreuve écrite de l’EAF.
– Certains professeurs de lettres, déjà épuisés par la fin de l’année scolaire où se cumulent dernières corrections, bouclage du programme et conseils de classe, doivent aussi enchaîner la correction des écrits de BTS et les cinq jours d’oral de l’EAF.

Les convocations erronées supplémentaires apparues sur Imag’In ont causé de grosses frayeurs, qui ont ajouté à la tension actuelle chez ces enseignants.

Pour le SNALC-Grenoble, ces conditions de travail ne sont pas acceptables, et risquent fort de conduire à des burn-outs qui seront fort dommageables pour notre profession et pour la qualité du service public d’Éducation.

Veuillez croire, Madame la rectrice, en la sincérité de notre engagement pour notre institution et notre mission et de notre inquiétude pour les personnels que nous représentons.

Nous vous prions de recevoir, Madame la rectrice, l’assurance de notre très haute considération.

Anne Mugnier, présidente du SNALC de Grenoble

Qui veut tuer le bac (et les collègues à la tâche) ?

Le SNALC tient au caractère national du baccalauréat, garanti par des épreuves nationales, terminales et anonymes, comme le sont (encore) celles de français et de philosophie.

Mais comment considérer aujourd’hui que le maintien de ces épreuves est une bonne chose au vu des conditions de travail qui sont imposées aux professeurs ?

Le SNALC trouve scandaleux de voir des collègues de Français interroger, par exemple, 66 candidats sur 25 listes de textes différentes. Sans compter le fameux nouvel entretien, qui porte sur tellement d’œuvres différentes que les collègues n’auront pas matériellement le temps de les lire, ni même de les feuilleter.

Mais cela devient inqualifiable quand ils doivent s’exécuter tout en ayant une soixantaine de copies à corriger dans le même temps, et sur écran, avec la possibilité pour des inspecteurs de leur signifier qu’ils ne le font pas assez rapidement.

De même, le SNALC est atterré de voir que des professeurs de Philosophie doivent corriger jusqu’à 150 copies, toujours sur écran et sans que les expérimentations antérieures n’aient donné lieu à des retours ; et ce, en sachant que leur correction pourra ne servir à rien. Des personnels se retrouvent à scanner des copies qui pourront ensuite être imprimées et corrigées…avant peut-être d’être une nouvelle fois scannées ?

Face à de telles conditions de travail, qui peuvent encore être aggravées car les convocations pour le Grand Oral ne sont pas toutes encore arrivées, le SNALC exige que le ministère prenne ses responsabilités. Un employeur qui se pare de termes comme la confiance et la bienveillance devrait avoir honte d’imposer de telles conditions de travail, à moins qu’il n’entende tuer le baccalauréat une fois pour toutes et achever des professeurs déjà épuisés par deux années plus que complexes ?

Le SNALC rappelle à tous les correcteurs que son préavis de grève couvre toutes les actions qui pourraient être entreprises d’ici à la fin de l’année.

Contact : Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie, , 06 61 91 30 49

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