Mobilisation du 13 janvier : Audience avec le Préfet et la DASEN de la Haute-Savoie

Compte-rendu réalisé par Anne MUGNIER, Présidente académique et responsable S2 Haute-Savoie

Contact :

Une intersyndicale constituée de représentants du SNALC, de la FSU, de l’UNSA et de FO a été reçue à de 14h à 15h à la Préfecture de la Haute-Savoie à Annecy par Alain ESPINASSE, Préfet, secondé par Mireille VINCENT, DASEN.

L’intersyndicale 74 a présenté la situation inquiétante des établissements et des personnels, particulièrement surchargés et épuisés dans le premier degré, ainsi que ses propositions pour améliorer la gestion sanitaire du ministère (voir le tract intersyndical 74). Elle a dénoncé l’exaspération causée par la communication défaillante de notre ministre.

Le SNALC a par ailleurs insisté sur le fait que les personnels ne souhaitaient en aucun cas la fermeture des écoles, mais à l’inverse la mise en oeuvre des moyens nécessaires pour les garder ouvertes, tant humains que matériels. Il a évoqué les témoignages et courriers écrits par les équipes éducatives de plusieurs établissements du second degré, y compris en Haute-Savoie, qui ne peuvent plus assurer l’accueil des élèves en raison d’un déficit déjà chronique de personnels aggravé par la pandémie : agents d’entretien en nombre insuffisant pour maintenir l’hygiène, vies scolaires amputées de la moitié des AED, infirmières scolaires épuisées par l’afflux d’élèves, enseignants absents non-remplacés…  Le SNALC a dénoncé le fait que les professeurs et directeurs d’école, les infirmières, les vies scolaires soient mobilisés pendant des heures chaque jour comme des ARS pour effectuer le suivi des infections, jusqu’à l’épuisement et sans recevoir de rémunération pour cela.
Outre la fourniture de masques et la mise en place de capteurs et de purificateurs, le SNALC a demandé la fourniture d’autotests. Il a également demandé l’annulation des évaluations d’établissement pour cette année scolaire et le report en juin des épreuves de spécialité du baccalauréat prévues en mars.
Pour finir, le SNALC a demandé la mise en oeuvre d’une prime spéciale Covid à destination de l’ensemble des agents de l’Éducation nationale pour récompenser leur engagement.

Réponse du Préfet :

La situation est très difficile à vivre dans tous les services. Le Préfet entend le besoin de moyens pour maintenir l’école ouverte. Il entend la complexité des consignes, lui-même n’en est que le relais. Des ajustements sont nécessaires en permanence. S’il y a bien quelque chose à améliorer, c’est le délai de prévenance : il n’est pas possible d’appliquer des consignes du jour au lendemain.

Réponse de la DASEN :

– Les services de la DSDEN travaillent avec le préfet et l’ARS avec la volonté de trouver des voies pour faciliter le travail des personnels de terrain.
– La DSDEN est consciente que sur terrain, les difficultés se sont amplifiées depuis le 15/12. Dans une telle situation de crise, il faut prioriser, regarder de près ce qui est prioritaire et nécessaire pour les élèves.
– En ce qui concerne le matériel : la demande pour les masques chirurgicaux devrait être relayée. 50 masques lavables par agent devraient être fournis. Concernant l’extraction de l’air : une demande conjointe a été faite avec le Préfet. Le Conseil départemental finance les demandes. On ne va pas équiper toutes les salles en capteurs de CO2, cela dépend des besoins, de la fréquentation. Au niveau de la Région et du Conseil départemental, une consigne a été posée pour une prise en charge financière. La DASEN demandé à tous les IEN d’appeler les maires dans les villes où les achats ne sont pas encore prévus. Les contacts sont faits. Les chef d’établissement ont quant à eux reçu pour consigne de faire les achats jugés nécessaires, et le remboursement suivra. Les purificateurs ne sont pas encore appuyés par la science, leur équipement n’est donc pas préconisé, tandis que les capteurs sont remboursés par l’État.
– En ce qui concerne les autotests, l’ARS tient un tableau de bord pour s’assurer du stock dans tout le département. Des boîtes d’autotests sont mises à disposition dans les circonscriptions d’écoles.
– Des aides administratives sont en train d’être recrutées (déjà 4 actées) pour venir soutenir les directeurs. Deux numéros de téléphone ont été mis en place pour la maternelle et l’école élémentaire, avec un certain succès (60 appels en 2 jours), de 8h à 18h, avec une permanence sur le week-end.
– Pour les remplacements, 32 contractuels ont été recrutés par le département en appui aux équipes enseignantes du premier degré. Des AED sont en cours de recrutement au niveau académique.
– La FAQ du ministère peut paraître fastidieuse à des moments, c’est pourquoi les académies ont demandé que seuls les changements apparaissent. La DSDEN simplifie au mieux les informations, les documents envoyés par le ministère sont passés au filtre avant d’être transmis aux directeurs d’école et chefs d’établissement.
– Le médecin conseiller technique de la Rectrice, le Dr LEQUETTE, faisait état hier en visioconférence qu’aujourd’hui, avec Omicron, les contaminations étaient bien moindres. Il s’agit d’un virus contagieux mais bien moins dangereux, qui devrait contribuer à l’immunité collective. On espère que le pic sera atteint avant les prochaines vacances.

Le Préfet a ensuite fait part de ses réflexions sur l’épidémie et le rôle de l’État. Pour lui, on devrait glisser de la pandémie vers l’endémie, il faudra vivre avec. Il a indiqué que vague la plus violente en Haute-Savoie datait d’octobre-novembre 2020, avec 800 hospitalisés, dont 80-90 en réanimation. Ces derniers jours, on est passés de 340 à 320 hospitalises (donc avec une tendance à la baisse), et de 70 à 50 personnes en réanimation. Parallèlement, en novembre 2020, le taux d’incidence avait atteint 1000, tandis qu’il dépasse aujourd’hui 4000. La plupart des gens gèrent aujourd’hui le Covid chez eux plutôt qu’à l’hôpital.
Depuis 2 ans, le Préfet a indiqué qu’il doit prendre des décisions avec un taux d’incertitude qu’il n’avait jamais connu, et s’interroge parfois sur le fait qu’il ait pris les bonnes décisions.
Selon lui, la force de l’État est de prendre des décisions, pour que la machine avance, même si elles ne sont pas parfaites. Il y a beaucoup de critiques contre l’État (moins que contre le gouvernement) mais globalement, nous sommes dans un pays où l’État tient bon, grâce à ses agents, à la colonne vertébrale de la fonction publique, à l’appareil d’État, qui fait qu’on a fait face. Il est épaté qu’on fasse le job depuis deux ans. Il n’occulte pas manque moyens et sentiment de mépris. Mais si on tient c’est pas parce qu’on ne sert pas le gouvernement, mais l’État.

Pour finir, la DASEN a précisé que le recrutement sur liste complémentaire des concours ne relevait pas de sa compétence. Elle a annoncé par ailleurs qu’en termes de moyens, « la rentrée 2022 devrait être sur un horizon meilleur pour notre département ».

L’avis du SNALC :
Quoique pas inintéressantes, les réflexions du préfet n’ont guère apporté d’éléments concrets. La DASEN a été nettement plus pragmatique, mais on voit que le ministère mise tout sur la supposée immunité que pourrait apporter la variante Omicron du virus. Il s’agit donc à ses yeux de tenir un ou deux mois avec quelques investissements sur cette période, en espérant la transformation définitive de la pandémie en simple grippe. Il n’y a toujours aucune politique d’investissement sur le long terme prévue dans l’Éducation nationale pour enfin tenter de résoudre le déficit chronique de moyens que la crise sanitaire n’a fait que mettre en exergue, ce qui impliquerait de recruter massivement des personnels d’enseignement et d’administration, de sécuriser les établissements, de correctement les équiper et d’outiller également les enseignants chez eux. C’est d’autant plus important qu’en Haute-Savoie, les problèmes de recrutement sont accentués par la vie chère – l’insuffisance des salaires, à laquelle le gouvernement a fait semblant de s’attaquer tout en poursuivant le gel du point d’indice, y a encore plus de poids qu’ailleurs. L’hypothèse d’un nouveau variant, même virulent, qui contaminerait de nouveau fortement n’est absolument pas exclue par les spécialistes, et d’autres virus pourraient un jour apparaître : et les mêmes problèmes se poseraient alors, de la même manière. Derrières quelques mesures cosmétiques, l’attentisme est donc toujours de mise, appuyé sur une bonne dose de méthode Coué.

 

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